- Chapitre 1 -

« - Seigneur Erhin, Seigneur... »

Un page courant dans les couloirs du château hurlait le nom de son maître le cherchant en vain dans les moindres recoins de la demeure. Ce dernier était introuvable, il ne se trouvait ni dans ses appartements ni dans son bureau pourtant sa monture n'avait quitté les écuries de la journée. Chose étrange de la part du seigneur qui ne pouvait rester à ne rien faire. Le jeune page, courant encore et toujours, se dit que peut-être son Maître se trouvait dans la salle d'arme. Alors que le serviteur passait devant une immense bais vitrée, il arrêta sa course jetant un regard vers le parc. Une expression de soulagement mêlée de déprime se dessina sur son visage : le Seigneur Erhin se trouvait dans le parc en compagnie de sa fille unique Ethernya. Cette dernière avait reçue une éducation semblable à celle d'un jeune garçon de son âge. D'une part parce qu'elle était l'héritière de sa famille et d'autre part car il s'agissait d'un souhaite de sa défunte mère. Aussi, le page ne fut par étonné de voir le père et la fille se livrer une duel dans le parc du domaine. Cependant, le page ne pouvait rester là à les regarder. Il reprit sa course dans le couloir en direction des lourdes portes d'entrée de la demeure. Puis, il dévala les marches, dans lesquelles d'ailleurs il faillit chuter car elles étaient très glissantes. Mais il parvint à garder son équilibre et arriva sans encombre  bien qu'essoufflé à rejoindre le Seigneur.

« - Seigneur Erhin, un message de la plus haute importance vient d'arriver pour vous. »

Le seigneur fit signe à la jeune fille qu'ils allaient faire une pause afin d'entendre le message qui lui était destiné. Ethernya voulu s'éclipser car elle n'aimait pas spécialement mettre son nez dans les affaires de son père mais ce dernier lui lança un regard lui signifiant que sa présence était nécessaire. Le seigneur Erhin avait élevé sa fille seul car son épouse, Illya décéda lors de l'accouchement de leur enfant. Aussi, le seigneur prit soin de la jeune fille avec laquelle il pouvait communiquer sans même dire une seule parole. Le seigneur alla s'asseoir sur un des bancs situé non loin de là et sur lequel étaient posé certains de ses effets ainsi que ceux de la jeune fille. Ethernya prit place aux côté de son père qui prit la parole d’une voix caverneuse.

« - Parle donc, Elriol, quel est donc ce message ??
- Il s'agit d'un message de son altesse, le Roi Linaen. Il vous demande de venir au palais dès que possible et le plus rapidement possible.
- Le message contenait-il la raison pour laquelle son altesse me convoque.
- Le messager royal m'a seulement demandé de vous transmettre ses paroles ainsi que ceci. »

Le page tendit au seigneur une bourse de cuir reliée par un cordon doré. Le Seigneur Erhin ouvrit la pochette. Cette dernière contenait une pierre translucide de couleur mauve de la taille d'un œuf de caille. Le seigneur referma la main sur le cristal violet. Puis il regarda sa fille avant de reporter son attention sur son jeune page.

« - Avait-il rajouté autre chose ??
- Uniquement ces mots seigneurs : le temps est désormais venu.
- Bien tu peux disposer. Rend-toi aux écuries du domaine demande à ce que mon cheval ainsi que celui d'Ethernya soient sellés. Nous partons sur le champ.
- Mais père, j'avais promis à...
- Plus tard, l'interrompis le seigneur Erhin, nous devons nous rendre à la capitale au plus vite. Maintenant va te préparer, nous partons bientôt.
- Bien. »

Ethernya se leva, ramassa ses affaires puis remonta dans sa chambre. Elle n’avait jamais vu son père se comporter de la sorte avec elle, c'était comme si cette pierre et cette phrase avait une signification caché pour elle. Une signification qui la concernait à elle. Arrivée dans ses appartements, la jeune fille jeta ses affaires sur son lit et regarda son visage dans le grand miroir de sa chambre. Elle se demandait pour quelle raison sa présence était indispensable. La jeune fille fixa son visage dans la glace. On aurait pu croire qu'elle était une fille on ne peut plus normale si ce n'était que la teinte de ses yeux ainsi que celle de ses cheveux était identique à celle de la pierre qu'avait amené le messager. Cependant, la jeune fille s'arracha à son miroir, revenant à la réalité par le bruit des pas des pages préparant son départ ainsi que celui de son père.
La jeune fille changea ses vêtements, elle enfila sa tenue de voyage. Les pages de la maison s'occuperaient du reste de ses affaires. Elle prit également soin de nouer son épée à la ceinture, trop large pour elle, qui lui ceignait les hanches. Une fois, prête elle gagna le hall de leur demeure où son père l’attendait. Le seigneur Erhin semblait soucieux. Lorsqu’il aperçu sa fille en haut de l’escalier, il se contenta de prononcer quelques mots :

« - Bien, nous partons tout de suite. Une longue route nous attend et le roi ne peut attendre. »

Ethernya se contenta d’hocher la tête et de suivre son père hors de leur demeure. Leurs chevaux les attendaient déjà sellés. La jeune fille flatta l’encolure de son destrier avant de le monter et de suivre son père. Un voyage de 5 jours les attendait avant de parvenir à la capitale : Cédysia.

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Au même moment dans les autres régions composant le royaume d’Infinia d’autres messagers arrivèrent dans les domaines de leurs seigneurs respectifs. Tout comme le seigneur Erhin et sa fille les autres seigneurs ainsi que leur unique enfant partirent en direction de la capitale. Parmi les héritiers, certains avaient une vague idée de ce qui les attendait à la capitale. D’autre en revanche, comme Renya, ignorait totalement de quoi il en retournait. Cependant, ils devaient faire vite.

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Pendant ce temps, à la capitale, dans la salle du trône :

« - Altesse, est-ce bien raisonnable de faire appeler les chevaliers dès maintenant ?? Ils sont encore trop jeune et ne savent même pas qui ils sont pour certains d’entre eux.
- Le Comte Aryesen a raison votre majesté. Seuls ceux qui ont atteint leur majorité ont été mis au courant de ce qu’ils sont réellement.
- Il suffit, messieurs, vous savez très bien quelles sont les raisons qui m’ont poussé à convoquer ces chevaliers. Dois-je vous rappeler que vous-même avez insisté pour que je leur fasse appel malgré leur manque de connaissance ?
- Veuillez m’excusez votre majesté, mais de nombreuses inquiétudes me sont venus à l’esprit suite à votre demande de convoqué les 6 chevaliers. »

Le roi réduisit tout les hommes présents au silence d’un simple geste. Des barons, des comtes, des vicomtes et de nombreux autres nobles étaient réunis dans la salle. Ce fut au tour de la Reine de parler, d’ordinaire, elle n’intervenait que très rarement dans ce genre de discussion mais cette fois-ci elle estimait que cela était nécessaire.

« - Messieurs, nous savons tous concernés par le drame qui est en train d’arriver. C’est pourquoi le Roi a décidé de faire appel aux chevaliers protecteurs du royaume. Des missives ont été lancées aux seigneurs de 8 régions qui forment le royaume. A l’heure où nous parlons, les chevaliers doivent être en chemin pour Cédysia. Nous ne pouvons plus faire marche arrière et nous nous tenons d’attendre la venu de ces chevaliers. Et surtout d’espérer que la paix reviendra dans le royaume grâce à eux. »

Un silence pesant commença à régner dans la salle suite aux paroles de la Reine. Ce fut le comte Aryesen qui le brisa le premier.

« Puissiez-vous dire vrai, Reine Lunae, puissiez-vous dire vrai… »

A ce moment-là, presque toutes les personnes présentes dans la salle tournèrent leur visage en direction des fenêtres qui affichaient un immense nuage noir qui était en train d’envahir la capitale.